mardi 24 août 2010

BRILLANCE DES TOUCHES

Voir de l'autre côté
aquarelle, par Monique Bélisle, 2008













Monique Bélisle, aquarelliste
par Désirée Szucsany,
historienne d’art


Monique Bélisle est née à l'Ascension, dans les Laurentides. Elle commence l’aquarelle en 1989, étudie la technique avec Élise Miron. Ses thèmes s’inspirent de l'environnement, la nature et les jardins. Elle travaille sous la lumière du jour, l’éclairage diurne orne ses aquarelles et leur fournit de la profondeur.

Aquarelle : lieu de texture
La surface du papier est remplie et concentre les objets de la représentation : fleurs, touffes, feuilles, feuillages, verdure se déploient en mouvement. Parfois un élément du mobilier propre aux jardins, une chaise, un banc, s'insère dans la composition et rappelle la présence humaine dans la nature indomptée qui invite à la contemplation. Si l'humain s'absente de l’ensemble, les pinceaux comblent les lieux de textures aux apparences de tissus exotiques. Voilà l'originalité ou la manière de madame Bélisle.

Les teintes ne sont pas celles que l'on attend de la nature ou de l'aquarelle. À son insu peut-être, Monique ne reproduit pas la nature statique, captée à telle heure de la journée. Ses aquarelles ne se limitent pas à cadrer une scène donnée, proposent plutôt un sujet suggérant une échappée, un envol. Le temps agit sur l'oeuvre. Les forces naturelles s'affrontent et créent une tension. L'oeil s'échappe grâce aux lignes définies par les nuances, les camaïeux se heurtent. La brillance des touches crée la perspective. Les courbes deviennent serpentines. Un coup de vent soulève les coins des formes asymétriques de façon légère, une jupe se retrousse pour dévoiler les chairs de la couleur.

Tentation de l’abstraction
L'artiste s'autorise à dessiner des objets très reconnaissables. Le trait, la précision séduisent l'oeil, guidé par un bout de ruban ou autres objets de la couture. L'oeil aime se tourner vers un point de repère. Naturellement, il cherche un repaire où s'abriter. La décision de placer ces petits objets de l'intimité féminine, objets de création en soi, ravive la fluidité des éléments qui, peu à peu, tendent vers l'abstraction.

Une telle astuce dirige le regard sur les portions réservées aux objets réalistes, qu'il s'agisse d'un bâtiment, d'une racine ou d'un tronc d'arbre. Ils apparaissent, merveilles du monde connu, et cernent la réalité fort agréable : la palette de l'aquarelliste s’enrichit de valeurs s'inclinant devant la dominante. La maîtrise de ces choix libère les niveaux de lecture et invite à passer d'un palier à l'autre sur un rythme nerveux, urbain et même jazzé, collant au caractère de l'artiste.

Monique Bélisle a le sens du détail et produit des aquarelles de petits et moyens formats. L'expérience visuelle de ses oeuvres est vaste. À souligner, l'artiste offre une part d'espace aux éléments qu'elle voit dans la réalité, privilège ou preuve de leur mémoire dans l'univers visuel qu'elle construit. Sa manière démontre peut-être que son art n'est pas la servante de ce qui l'entoure, ni de ces racines, plantes ou bâtiments. Dans son royaume de couleurs, ils ont toutefois une place de choix. L’artiste ne cultive pas le passéisme. Mélancolie, nostalgie ne sont pas dans son champ. Le regard y danse et le traverse librement.


Expositions de Monique Bélisle

À l’atelier de Monique, 2009
21ième exposition d'arts visuels, Ste-Anne-des-plaines, 2006
Semaine des arts à Saint-Jovite, 19 au 22 septembre 1996
Poudrière St-Luc, à Brouage, Charente-Maritime, France, 3 au 21 juillet 1996
Prix du jury de la semaine des arts de Saint-Jovite, 24 septembre 1995
Responsable du volet exposition de la Maison Chaumont, 1997-1998

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